Hell, no toothpaste

Publié le par Martin

Le réveil sonne. Aussitôt surgit le regret d'avoir choisi la veille de se lever si tôt, mais la gourmandise et la perspective du petit-déjeuner déploient toute leur capacité de conviction : l'éveil est complet et régénérateur, l'estime de soi un instant vacillante rétablie.
Une impulsion libératrice condamne enfin l'appareil maudit au silence. Les rideaux laissent filtrer la lumière du jour déjà bien avancé et visiblement ensoleillé. Une nouvelle journée entre le grill et la cuisson à la vapeur. 
S'habiller. Confirmer la couleur du ciel et officialiser la fin de la nuit.
Quelques pas suffisent pour entrer dans la salle de bain et construire une image acceptable du réveillé. 
Hell, no soap.
Evidemment, car il serait économiquement irrationnel de laisser le savon dans la salle de bain: le vautour de la chambre d'à côté se sert mais ne sert rien. Aucune convivence. Retour à la chambre, savon, débarbouillage, le petit déjeuner s'approche. 
Pour bien le savourer, il faut languir encore un peu. Prétexte pour sortir et aller à la panadería-pastelería San Camilo de la esquina, acheter du pain complet, et un pot de manjar, aux noix, ñam le manjar aux noix. Dans l'entrée de l'appartement, un ou deux cadavres de cafards, sur le dos, après de très probables convulsions. Effet Raid. Je les prefère bien vivants, au moins c'est une preuve de bonne santé. Sinon c'est lugubre et inquiétant, surtout à deux pas de la cuisine. Le pire c'est qu'ils ne sont pas tout à fait morts, les spasmes reprennent au contact du balai et de la pelle à poussière.
Le jour est plus manifestement avancé vu depuis la rue, bien que la façade donne sur l'ouest. La boutique est vide de clients, hola buenos días, permiso, un pain intégral, un pot de manjar, aux noix, la caissière profite du temps mort pour discuter avec sa collègue, enfin une infraction au professionalisme et un peu de sourire dans ce monde de brutes.
Le petit-déjeuner se rapproche à toute vitesse mais en fin de compte maintenant que la journée est commencée, il se fait moins indispensable. Igual, avec un pot de manjar dans le sac le retour de la boulangerie est un peu plus rapide que l'aller.
De l'eau à bouillir pour le thé, pour le café et pour le chocolat chaud, c'est plus pratique pour mélanger le chocolat en poudre, et ensuite ajouter du lait, entier, et au micro ondes. Thé café et chocolat parce que ces jours il faut beaucoup boire et que c'est plus enthousiasmant que simplement l'eau du robinet. La radio pas trop fort pour ne pas trop déranger l'occupant de la chambre de l'autre côté du mur, mais assez pour pouvoir l'écouter. Radio Nuevo Mundo, c'est l'heure du Entre Amigos. le thème de la matinée, le bacheletisme-aliancisme lavinien. Interventions diverses et variées des auditeurs : "tous les mêmes". Pour couler Piñera".
Avec un thé, un café et un chocolat on peut manger beaucoup de tarines sans trop se sentir coupable. 
Et une pomme pour représenter le règne végétal et ses bienfaits nutritionnels.
La vaisselle, pour ne pas faire l'accumulard.
Retour rapide à la chambre, le pain et le manjar dans le sac, pas folle la guêpe. En fait inutile de se presser, les cours commencent dans quarante minutes, en vélo le retard est impossible.
Se laver les dents.
Hell, no toothpaste

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