J'ai le tract

Publié le par Martin

Tracter est une tâche duodécimale au sens des travaux d'Hercule : c'est difficile; loin de moi l'idée de me comparer à Hercule mais distribuer des tracts aux gens ça me dépasse.
Les gens je les connais, ils sont comme moi, ils ne lisent pas les tracts. C'est le pire. Toutes les organisations qui disséminent leurs bouts de papier dans les manifs peuvent bien l'écrire très fort, mais en fait qui les lit, ils font juste acte de présence - ce n'est pas inutile.
Le rôle de récépteur du tract ne me sied pas parce que j'ai cette tendance à tendre la main de façon à le recevoir, si bien que je finis immanquablement les manifestations les poches pleines, de plein de papier, parfois non imprimé en recto-verso, dans l'immense majorité des cas je ne les lis pas, même la fin de la journée venue quand j'écroule mon manteau sur le dossier de mon unique chaise. Moi même je m'écroule après avoir parfois pris le temps et l'énergie de vider ces poches, histoire de ne pas avoir a le faire le lendemain, et de placer leur contenu dans un autre lieu. Pas la poubelle car comme je suis conservateur, c'est-à-dire trouillard, je crois toujours que ça pourrait me servir un jour tous ces papiers, plus exactement tous ces textes, témoins d'une époque et de la verve de leurs réacteurs. En ce moment donc il y a un pile de tracts de formats et de taille divers derrière ma tête de lit (pas ma tête d'atmosphère), attendant passiemment la poussière qui s'ammoncelle lentement mais sûrement sur eux.
Tracter outre le fait que je n'en ai pas une expérience florissante et donc pas un savoir faire confiant, je ne comprends pas, j'ai forcément l'impression de faire chier deux catégories de personnes : les gens à qui je tens le papier qui n'en ont a priori rien à faire, et moi qui n'en ai pas grand chose non plus à faire. Le pire c'est quand il faut interrompre les gens pour leur dire bonjour et leur donner le tract. d'ailleurs je me pose toujours la question : faut-il interrompre les gens qui sont en train de se parler, faut il dire bonjour ? A ces incertitudes, se rajoute la difficulté d'adopter un rythme satisfaisant dans la saisie des papiers, je veux dire les individualiser de la pile tenue dans la main gauche tant bien que mal -d'autant plu mal que la pile est haute et peu solidaire d'elle même. le problème posé par le piochage du tract dans la pile est symétrique à celui de la sélection de la prochaine victime du tractage : la personne a qui l'on tend le papier qu'il faut bien identifier et se décide rà immoler parmi tous ces gens qui s'offrent à vous.
Le tract n'a d'utilité immédiateb que formelle, il permet à l'organisation signataire d'occuper le terrain et c'est très bien, dire j'en suis, je soutient telle et telle cause. C'est encore mieux quand en plus de cette déclaration d'intention il y a une info rapide et facile à communique, genre

Mardi 24 février
20h30
Salle de la Cité, Rennes

Réunion-débat euroélectorale avec José Bové, Yves Cochet, Nicole Kiil-Nielsen,
Yannick Jadot, Daniel Cohn-Bendit, Mona Bras
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A
De l'innocuité du tract..<br /> Le tract certes a ses détracteurs (papier gâché...)<br /> mais en même temps il est bien inoffensif, pour toutes les raisons évoquées dans ton article. <br /> Et puis à nous tous on pourra faire un jeu de tracts un de ces jours.<br /> Et encore: le tract fait surtout du bien a celui qui l'écrit. <br /> Tout comme ce commentaire d'angoissé(e) de la page blanche.
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